Les sociétés d’informatique au Cégep
Au moment de la dissolution du Collège régional Bourgchemin en 1980, les services informatiques sont offerts aux trois campus à partir du siège social situé au 2200, rue Pratte à Saint-Hyacinthe.
Les trois nouveaux collèges issus de la dérégionalisation, soit Sorel-Tracy, Drummondville et Saint-Hyacinthe, font le choix de conserver des services centralisés en informatique. Ce choix s’impose, car développer individuellement les divers logiciels de gestion et acquérir un ordinateur pour les recevoir se serait avéré beaucoup trop coûteux. Dans ce contexte, les collèges concernés créent la Société d’informatique Bourgchemin. Au même moment, le Cégep de Granby qui venait de quitter le giron du Cégep de Sherbrooke décide de se joindre à la nouvelle Société. Quelques années plus tard, le Cégep de Shawinigan se joint également au groupe.
Dans les années 80, les opérations informatiques sont menées à partir d’un ordinateur central, que l’on appelle « main frame » et auquel sont rattachés des terminaux. C’est avant l’ère de la micro-informatique. Les données sont transmises par modem avec les aléas liés à ce mode de communication. Une dizaine de personnes travaillent alors à la Société sous la gouverne de Roch Vennes. Jocelyne Auclair succède à ce dernier au début des années 90. C’est à cette époque que commence la réécriture des principales applications de gestion avec la technologie de la firme Oracle. Graduellement, les terminaux s’avèrent de plus en plus intelligents jusqu’à être remplacés par les micro-ordinateurs des années 2000. En 1995, le Cégep Marie-Victorin, récemment créé, adhère à la Société qui compte dorénavant six membres. Un peu plus tard, des négociations s’engagent avec un groupe de dix collèges, appelé la SICOQ. Ces collèges s’étaient regroupés eux aussi pour le développement de leurs applications informatiques, mais dans un modèle plus décentralisé que celui de la Société d’informatique Bourgchemin.
L’entente conclue donne lieu à la mise en place en 1998 d’une nouvelle société, soit la Société du réseau informatique des collèges (SRIC), qui compte dès lors une quinzaine de membres. Gérard Henry en est le premier directeur. La Société est alors relocalisée de Saint-Hyacinthe à Longueuil. Ce regroupement imposant génère des ressources financières importantes, ce qui permet l’acquisition de nouveaux logiciels ainsi que l’accès à des services Internet en ligne pour les étudiants et pour les employés des collèges. La SRIC devient alors le joueur dominant dans le domaine des applications informatiques au collégial si bien qu’en 2002, son effectif actionnaire atteint 20 collèges, sans tenir compte de la clientèle des autres collèges non-actionnaires. La SRIC commence alors à ressembler à la GRICS qui regroupe pratiquement toutes les commissions scolaires pour leurs développements informatiques.
En 2003, Luc Verschelden succède à Gérard Henry à la tête de la Société qui, à ce moment-là, fait l’acquisition de certains systèmes informatiques développés par le Cégep Garneau et que celui-ci revend à douze autres collèges. Dès lors, ceux-ci deviennent des clients de la SRIC. Tant et si bien qu’en 2005, avec d’autres collèges qui se sont joints au groupe, la Société compte 33 membres actionnaires en regard d’un potentiel maximal de 48 et dispose d’un budget d’exploitation de plus de trois millions.
Entre temps, le développement des différentes applications de gestion est complété dans certains cas et se poursuit dans d’autres. Le logiciel le plus complexe à mettre en place est celui de la gestion du dossier étudiant qui inclut les inscriptions, les choix de cours, les bulletins, etc. Il n’est pas rare de voir en informatique, particulièrement dans le domaine public, des projets dont les coûts ont doublé et même triplé, ou qui ont carrément échoué. C’est malheureux, mais cela s’explique. Par exemple, en architecture, on fait les plans et ensuite on construit à partir de ces plans; mais, en informatique, les besoins sont définis au départ de façon très générale et on démarre. Lorsque les usagers sont consultés au sujet de leurs besoins, des visions très différentes peuvent alors s’affronter et ne pas être toujours conciliables. Et si nous ajoutons à cet environnement le fait que chaque membre est à la fois utilisateur et actionnaire! En plus, l’évolution technologique ne s’arrête pas.
C’est dans un tel contexte que le dossier étudiant a été le début de la fin pour la SRIC. Les coûts de développement et d’implantation explosant, certains collèges commencèrent à se retirer de la SRIC. Parallèlement, une société privée s’activait avec succès auprès des membres de la SRIC et elle finit par racheter ce qui restait de celle-ci en septembre 2012.
Le Cégep de Saint-Hyacinthe a toujours été au cœur de ce projet ambitieux de mise en commun des ressources dédiées aux développements informatiques des collèges. Dommage que ce projet n’ait pas pu se poursuivre!
Avec la collaboration de Guy Gagné, directeur retraité des Services administratifs